Les photos ont été prises lors du Moussem d’Illigh en novembre 2013. Illigh se trouve à une cinquantaine de kilomètres de Tiznit sur la route de Tafraout dans l’Anti-Atlas sud. Malgré son emplacement désolé, à l’intérieur des terres, Illigh possède un important patrimoine culturel. En 2010, Illigh n’était pas encore sur Google Maps.
Illigh était la capitale d’un ancien royaume marocain et fut visitée à plusieurs reprises par Michiel de Ruyter entre 1643 et 1652. C’était à l’époque où il commençait à faire du commerce pour son propre compte avec son navire le Salamander. Depuis le port de Santa Cruz (Agadir moderne), il fallait trois jours de voyage pour atteindre à cheval Illigh, qui était alors la résidence du puissant marabut Sisi Ali ben Mohammed, qui régnait en monarque indépendant. Les produits commerciaux importants étaient les fusils, les tissus, le poivre, les clous, les peignes, les haches, les coffres et les boîtes, les chopes en argent, les pistolets et les chapeaux. De Ruyter en profite à plusieurs reprises pour rançonner les marins hollandais capturés. Le commerce des esclaves a continué jusqu’au XXe siècle. (Histoire du Maroc, Bulaaq)
Dès le début du XVIIIe siècle, le port d’Essaouira devient le principal point de transit pour l’import et l’export de tout le sud marocain. Une grande partie de ce commerce était contrôlée par « la maison d’Illigh », ce petit royaume constituait une barrière entre l’Afrique noire et le monde arabe. Une représentation commerciale de ce royaume fut même installée à Essaouira.
A l’origine il existait un saint homme du XVIème siècle, Sidi Ahmed Ou Moussa, encore très vénéré dans le sud du Maroc. Son sanctuaire est situé à quelques kilomètres d’Illigh. Ses descendants fondèrent la Zaouia d’Illigh et un royaume qui s’étendait à travers le Souss et plus loin jusqu’au Draa. La ville et le royaume furent détruits en 1670 par Moulay Rachid alors que les Alaouites étaient au pouvoir. À partir du XVIIIe siècle, le royaume retrouve sa puissance politique et commerciale grâce au commerce à longue distance entre l’Afrique noire et Essaouira, qui perdure jusqu’à la fin du XIXe siècle. Le commerce et toutes les caravanes étaient contrôlés par cette petite principauté de Tazeroualt.
Une petite partie des bâtiments est soigneusement préservée par les descendants de la maison d’Illigh. Le palais, le musée avec ses trésors (ses archives et sa très importante bibliothèque) sont toujours entretenus et restaurés. C’est un héritage qui est la mémoire d’un pays en voie de disparition. C’est la mémoire de Tazeroualt qui risque de disparaître.